Selon la tradition chinoise et la philosophie du Tao, la clé de la longévité est de vivre au rythme des saisons et de leur énergie, en respectant les lois du yin et du yang tout en préservant, par-dessus tout, l’énergie du Rein, à l’origine de toute notre vitalité et de notre santé. C’est l’occasion d’aborder cette énergie puisqu’elle est associée au yin, à l’hiver et au mouvement Eau.
L’énergie de l’hiver dans la nature
L’hiver, dans la Tradition chinoise, correspond au mouvement Eau. L’énergie yin atteint son apogée : les nuits durent plus longtemps que les jours ; l’énergie du ciel est froide. Le froid, qui est l’énergie climatique de l’hiver, descend sur la Terre. Il a la propriété de durcir, concentrer, bloquer, contracter, cristalliser, et conserver. Dans la nature, tout est au repos. Les animaux se mettent à l’abri, leurs plumages ou pelages s’épaississent, et certains hibernent. L’eau se transforme en glace, la terre se fend. C’est le temps des neiges, de la grêle, du vent froid, particulièrement redoutable et pénétrant, dont on doit se protéger. Les anciens imitaient la nature et profitaient de cette saison pour se retirer, vivre davantage à l’intérieur, au chaud, et effectuer des tâches qui demandaient peu d’efforts physiques. Car il s’agit de préserver son énergie yang et non de la disperser par des transpirations excessives. On se couche tôt, on se lève tard, pas avant le jour. L’hiver constitue la fin d’un cycle qui prépare, en silence, le suivant.
Mouvement « Eau » et son lien dans le corps
L’eau prend ancrage dans le corps au Rein et à la Vessie, qui gouvernent les structures : os, moelle des os, moelle épinière et cerveau, dents, cheveux, glandes surrénales et système hormonal, appareil génital et sexualité, système nerveux. Ils filtrent, redistribuent et évacuent les liquides.
Le Rein stocke le jing qui est à la fois l’énergie séminale et l’énergie essentielle de vie héritée de nos parents à la conception. Grâce au jing qui contient tout notre programme de vitalité, le processus de vie s’accomplit : depuis la première étincelle de vie, le développement du fœtus, jusqu’à la vieillesse et la mort. Il conserve et distribue l’énergie des 5 sens. Les oreilles et l’ouïe sont plus particulièrement associées au jing des reins. C’est pourquoi, avec l’âge, le jing du Rein diminue en même temps que l’acuité des sens. Comme une « peau de chagrin », l’énergie du Rein se réduit et ne se régénère pas. Tout le principe du Tao et de la Tradition chinoise est donc de la préserver comme un trésor, afin de vivre en bonne santé le plus longtemps possible ! Comment ? En respectant les lois du yin et du yang au fil des saisons, en privilégiant la qualité de la respiration et de l’alimentation qui la soutiennent, en adoptant une bonne hygiène de vie.
Le Rein, véritable batterie du corps humain est le siège de la volonté de vivre, le capital santé. Là encore, ne pas confondre volonté avec volontarisme et autorité excessive ! Tout est une question d’équilibre dans la voie du juste milieu.
Les effets du froid dans le corps
Le froid de nature yin, s’il agresse le corps et s’il n’est pas refoulé à temps, va s’insinuer de plus en plus profondément… jusqu’aux os. Si le yang du corps est blessé, il n’assure plus ses fonctions de réchauffement, de circulation du sang et de l’énergie. Le froid fige, contracte, paralyse, et provoque douleurs et troubles multiples (occlusions, courbatures, contractures, diarrhées, vomissements…)
À noter que la fièvre, qui apparaît souvent lors d’une agression par le froid, correspond à la lutte entre cette énergie perverse et le yang du corps, à savoir la défense immunitaire. Dès le début des symptômes, il s’agira de disperser le froid en déclenchant l’ouverture des pores de la peau par la sudation : grogs, boissons chaudes et épicées et hop ! Sous la couette !
Alimentation de l’hiver
Pour lutter contre le froid, il est important de choisir une nourriture consistante, nourrissante, énergisante, de saveur salée et amère : céréales, féculents, oléagineux, fruits secs, agrumes, œufs, fromages fermentés, et protéines. S’il s’agit de protéines animales : du bœuf, du mouton, du gibier, des abats, des poissons gras et des fruits de mer. Les modes de cuisson et de préparation seront réchauffant : ragout, pot-au-feu, confit, à la vapeur et au four. Sans oublier les boissons tièdes ou chaudes, à consommer sans excès et tout au long de la journée, pour ne pas trop solliciter le rôle de filtre des Reins.
Émotions de l’eau
L’émotion associée à l’Eau est la peur. Émotion nécessaire à la survie en cas de danger, elle devient une énergie perverse si elle est vécue en permanence. Toute peur subite se manifeste par une perte brutale de jing et un vide de l’énergie du Rein qui ne maîtrise plus les sphincters (incontinence) et entraîne aussi : épuisement total, dépression, insomnie, frilosité jusqu’aux os, baisse de libido…
La peur (frayeur, inquiétude, crainte…) rompt la communication entre le Cœur et les reins. Le Cœur et ses esprits sont affolés (insomnie, palpitations). Quand l’eau et le feu, le Cœur et le Rein sont en rupture : peur agitée, fuite éperdue, fébrilité, affolement permanent, sentiment d’insécurité, sensation d’être figé, paralysé, choc traumatique. Poussée à l’extrême, la peur se transforme en colère qui enfle : perte de la mémoire immédiate, exaltation extrême, le vouloir est atteint avec lésion de la capacité à agir et à poursuivre un but.
On comprend aisément pourquoi la peur a toujours été une arme machiavélique, utilisée notamment par les dirigeants pour tenir les peuples sous leur coupe.
Bien vivre l’hiver, c’est cultiver le calme, la douceur, la générosité et le sentiment de sécurité, qui dispersent la peur. C’est aussi se préserver des sources anxiogènes et se recentrer. C’est profiter du soleil quand il apparaît en se couvrant bien ou rester au chaud pour se préserver du froid. C’est prendre le temps de cuisiner, d’écouter de la musique, de dessiner, de lire au coin du feu… C’est, enfin, préparer le printemps et le nouveau cycle à venir en imaginant de nouvelles perspectives.
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